déc. 14, 2022 - Minute de lectureMinutes de lecture

La parodontite, quand l’inflammation entraine la destruction du parodonte

La parodontite est une inflammation du parodonte, terme désignant les tissus de soutien de la dent (gencive, ligament, cément, os). Elle fait majoritairement suite à une gingivite non prise en charge. Sans soins adaptés, elle entraine une destruction du système d’ancrage des dents menant à un déchaussement dentaire : les dents deviennent mobiles avec un risque de perte de dents.

Contenu

Qu’est-ce que la parodontite ?

C'est la complication d’une gingivite non soignée.

Cette dernière est liée à la plaque dentaire, qui s’accumule et se transforme en tartre.

La plaque dentaire est un dépôt blanchâtre constitué de bactéries qui se dépose à la surface des dents. Si elle n’est pas régulièrement éliminée, les bactéries induisent une inflammation des gencives qui se mettent à saigner. En l’absence d’une prise en charge, cette inflammation peut progresser jusqu’à atteindre le cément, le ligament et l’os. La destruction des tissus de soutien commence. À partir de ce stade, les lésions sont irréversibles. Un traitement professionnel s’impose afin d’éviter le stade ultime qui est la perte d’une ou plusieurs dents.

Son origine est donc bactérienne (1). 


De la gingivite à la parodontite

La gingivite est le premier stade de la maladie parodontale (2).

En cas de gingivite, seule la gencive est touchée.

En cas de parodontite, l’inflammation atteint aussi les tissus profonds : le ligament, le cément et l’os.


Quels sont les symptômes d’une gingivite et d’une parodontite ?

Par ordre de progression de la maladie parodontale (3) :

Gingivite

Parodontite

  • La formation de poches ou zones d’inflammation entre les dents et la gencive.
  • Le déchaussement des dents
  • Une certaine mobilité et migration des dents : déplacement, rétrécissement ou agrandissement des espaces interdentaires.
  • Perte de dents

A retenir : La maladie parodontale

La gingivite : réversible

La parodontite : irréversible (4)


Pourquoi consulter sans attendre l’apparition de symptômes ?

1/ La destruction osseuse est irréversible,

2/ Les symptômes apparaissent tardivement, quand la maladie a déjà évolué.

Il est préférable de consulter votre chirurgien-dentiste dès le stade d’une gingivite, et même mieux, de vous rendre au cabinet dentaire au moins 1 fois par an même en l’absence de tout symptôme.


L’OMS estime que « les parodontites graves affectent près de 10 % de la population mondiale. Les principales causes sont une mauvaise hygiène bucco-dentaire et le tabagisme. » (5)


Les différents stades et grades de parodontites

Les maladies parodontales sont classifiées :

  • par Stade (1 à 4) : selon leur étendue (généralisée ou localisée), distribution (molaires et/ou incisives), sévérité et complexité (profondeur des poches, pourcentage de perte osseuse, nombre de dents absentes pour raisons parodontales, …)
  • et par Grade (A, B ou C) : selon leur progression lente, modérée ou rapide.

Doivent également être considérés des facteurs modifiants comme la consommation de tabac et la présence d’un diabète (6). 

D’autres types de maladies parodontales peuvent être décrits :

  • La gingivite ou parodontite ulcéro-nécrotique : souvent très douloureuse, avec des signes généraux (fièvre, malaise…).
  • La parodontite secondaire à une maladie générale (hémopathie, maladies génétiques).
  • La gingivite hypertrophique d’origine médicamenteuse
  • La gingivite gravidique (de la femme enceinte liée aux changements hormonaux responsables d’une susceptibilité accrue à l’inflammation)

Comment traiter la parodontite ?

En complément d’un examen clinique approfondi, un examen radiographique permet d’évaluer l’étendue et la sévérité de l’atteinte osseuse. C’est l’examen complémentaire indispensable au diagnostic des maladies parodontales.

L’hygiène buccale, essentielle

Le traitement commence par une hygiène complète et rigoureuse quotidienne, sans laquelle les interventions du dentiste seront inefficaces.

Cette hygiène est enseignée par le dentiste lui-même qui vérifiera la bonne mise en pratique des gestes bucco-dentaires adéquats, tels que décrits ci-après dans la partie prévention.

Elle repose sur des soins bucco-dentaires complets à mettre en œuvre au domicile pour retirer la plaque dentaire, comprenant un brossage des dents biquotidien selon la méthode décrite ci-après, complété par un nettoyage des espaces interdentaires à l’aide de brossettes interdentaires

L’implication du patient est essentielle, il joue ici un rôle actif car l’hygiène buccale doit être irréprochable pour que le traitement puisse avoir les résultats attendus et ce, sur le long terme.

Le détartrage-surfaçage radiculaire

Le dentiste procède alors à un détartrage approfondi avec pour objectif d’ôter le tartre, rétenteur de plaque au niveau de la gencive mais également dans la poche formée à cause de la gencive inflammatoire, que ne peut atteindre la brosse du patient et où s’accumulent donc plaque et tartre.

Le détartrage est accompagné d’un surfaçage pour assainir en profondeur la surface des racines dentaires contaminées par les bactéries... Cet assainissement parodontal permet la diminution progressive de la profondeur des poches parodontales et la réadhésion de la gencive sur la surface de la dent (7).

Plusieurs longues séances (45 minutes à 1 heure) qui peuvent être espacées d’une semaine environ ou rapprochées sur 24h sont à prévoir. Elles se déroulent à l’aide d’un appareil à ultrasons et de curettes manuelles et se fait par secteurs dans la bouche.

 Ce détartrage et surfaçage radiculaire peut donner l’impression d’accentuer la rétraction de la gencive, mais en réalité ce phénomène est lié à la guérison. En effet, quand l’infection et l’inflammation disparaissent, la gencive est moins gonflée et parait donc plus rétractée. Il est important de noter que la rétraction de la gencive n’est pas due au traitement mais à la maladie elle-même qui a provoqué une destruction des tissus de soutien et le déchaussement des dents. Le traitement ne fait que dégonfler la gencive, inflammatoire à cause de la maladie parodontale. Cette rétraction peut alors s’accompagner d’une augmentation temporaire de la sensibilité des dents au chaud et au froid du fait de l’exposition des surfaces radiculaires des dents. Le dentiste peut alors proposer ponctuellement un gel ou un dentifrice désensibilisant.

Ce traitement de première intention peut parfois être couplé à un traitement antibiotique dans des indications bien précises.

Les traitements chirurgicaux du parodonte

Après ce nettoyage bucco-dentaire professionnel, une chirurgie peut encore être nécessaire si des poches inflammatoires persistent lors de la réévaluation du traitement. L’intervention consiste à soulever la gencive pour accéder aux racines des dents et à l’os et les nettoyer, ce qui permettra à la gencive de reprendre son adhérence sur la dent ainsi décontaminée.

En fonction du type et degré de destruction osseuse, des chirurgies réparatrices ou régénératrices sont parfois proposées. Il s’agit de greffes osseuses ou de biomatériaux de régénération visant à stimuler la reconstruction du tissu de soutien des dents.

Programmation d’un suivi régulier ou « maintenance parodontale »

L’efficacité du traitement est totalement dépendante de l’hygiène buccale qui est mise en place en amont, mais qui doit par ailleurs perdurer a posteriori. De plus, une étape de « maintenance » ou de « soutien » est essentielle. Elle repose sur des rendez-vous programmés chez le dentiste tous les 3 ou 6 mois selon le risque individuel.

Outre une élimination du tartre, le dentiste procède à un examen minutieux de la gencive afin de détecter d’éventuels sites inflammatoires, poches parodontalesou mobilités dentaires.

Chaque visite de contrôle est également l’occasion de vérifier si les gestes bucco-dentaires comme le brossage et le passage des brossettes interdentaires sont correctement réalisés et efficaces.

Les facteurs aggravants

Le point de départ est la gingivite liée à une hygiène bucco-dentaire insuffisante ou inadaptée, mais de nombreux facteurs sont susceptibles d’aggraver l’inflammation du parodonte (8) :

  • Une restauration, une prothèse dentaire ou un appareil orthodontique mal adaptés qui retiennent la plaque ou entravent l’hygiène bucco-dentaire.
  • Le tabac. À noter que le tabac complique également la cicatrisation lors des traitements.
  • L’hérédité. Il existe une susceptibilité génétique qui augmente le risque de développer une maladie parodontale. En cas d’antécédents familiaux de maladie parodontale, il est conseillé d’en parler à son chirurgien-dentiste afin qu’il puisse le cas échéant mettre en place des mesures préventives personnalisées.
  • Les variations hormonales (grossesse, ménopause). Attention, il est recommandé aux femmes enceintes de consulter leur dentiste avant de mettre en route une grossesse car les variations hormonales accentuent les risques d’inflammation parodontale. De plus, une maladie parodontale augmente le risque de naissance prématurée et de bébé de faible poids de naissance.
  • Le stress, qui fragilise le système immunitaire.
  • Les médicaments qui diminuent la production de salive (psychotropes, antihypertenseurs, antihistaminiques).
  • Une alimentation déséquilibrée (dénutrition, carence en vitamine C…).
  • Une maladie associée : diabète, cancer, infection VIH/sida, certaines maladies génétiques (trisomie 21…), leucémie, etc...

Lien entre diabète et maladie parodontale

Les personnes atteintes d’un diabète présentent un risque accru. On considère d’ailleurs que la maladie parodontale constitue la 6ème complication du diabète.  Un diabète mal équilibré augmente non seulement le risque de maladie parodontale mais aussi sa sévérité. En effet, chez le diabétique, la réponse immuno-inflammatoire est augmentée, les niveaux des médiateurs de l’inflammation sont augmentés, également dans les tissus parodontaux, ce qui augmente l’inflammation parodontale et la destruction des tissus parodontaux.

Inversement, la maladie parodontale augmente la charge inflammatoire globale chez le diabétique ce qui accroît la résistance à l’insuline, diminue le contrôle de la glycémie et donc augmente la sévérité du diabète et ses complications.

Ainsi, outre améliorer le contrôle de leur glycémie, les personnes touchées par le diabète doivent aussi redoubler de vigilance concernant leur hygiène bucco-dentaire et consulter encore plus régulièrement leur dentiste afin de pouvoir dépister et prendre en charge toute maladie parodontaleet maintenir la santé de leurs gencives sur le long terme pour l’équilibre de leur diabète.  


Selon la Haute Autorité de Santé « l’étiologie de la maladie parodontale est multifactorielle et résulte de l’interaction entre la présence de bactéries parodonto-pathogènes au sein de la plaque dentaire, de la réponse immuno-inflammatoire de l’hôte et de la susceptibilité génétique individuelle. Des facteurs généraux (diabète, tabac, maladies générales...) peuvent exacerber l’expression de ces maladies. »


La prévention, une double nécessité

La prévention est essentielle dans la mesure où les lésions osseuses induites sont irréversibles. Elle l’est également en raison des autres risques de complications. En effet, les médiateurs de l’inflammation du parodonte peuvent rejoindre la circulation sanguine et atteindre d’autres organes. Autrement dit, la parodondite augmente à distance le risque de nombreuses affections comme les maladies cardiovasculaires, les infections pulmonaires et le diabète (avec le diabète, la relation existe dans les deux sens).

Les principaux gestes préventifs

Prévenir revient à empêcher la survenue d’une gingivite, et à défaut à prendre en charge toute gingivite débutante.

Dans les deux cas, les mesures sont identiques et reposent sur des soins bucco-dentaires complets au quotidien :

  • Un brossage des dents deux fois par jour pendant 2 minutes (sans oublier de changer régulièrement de brosse à dents, en général tous les 3 mois) en suivant la méthode ci-dessous :

Brosser les dents du haut et du bas séparément.

Poser la brosse à 45° à cheval sur la gencive et la dent, en Oblique et réaliser des mouvements de balayage par rotation du poignet en partant de la gencive vers les dents, du rose vers le blanc. C’est la méthode dite « du rouleau »

Suivre un trajet pour faire le tour de toutes les dents :  extérieur, intérieur sans oublier le dessus.

  • L’utilisation d’un dentifrice fluoré entre 1000 et 1500 ppm.
  • Le passage tous les jours après le brossage d’une brossette interdentaire dans les espaces qui le permettent pour éviter l’accumulation de plaque dentaire entre les dents. Si les dents sont serrées, utiliser du fil dentaire.
  • Réaliser des bains de bouche en utilisant une solution adaptée (demander conseil à son dentiste). 

Cette routine dentaire est à compléter par une visite au minimum annuelle chez le dentiste lequel procédera à un détartrage.

La prise en charge des facteurs aggravants est recommandée : arrêt du tabac, équilibrage du diabète, rééquilibrage alimentaire, ajustement d’une restauration dentaire, d’une prothèse ou d’une bague d’orthodontie mal adaptée, etc.  

Les soins bucco-dentaires, irréprochables toute la vie !

Ces mesures ne sont pas seulement préventives. En effet, elles constituent la première étape du traitement, elles sont indispensables pendant la prise en charge puis encore essentielles après le traitement afin d’en garantir les résultats dans le temps. Mais cette période dite de maintenance ou de suivi reste requise toute la vie afin de se prémunir des risques de récidive. 


À savoir sur les bactéries buccales

Notre corps, y compris notre bouche, héberge de nombreuses bactéries. Certaines nous sont bénéfiques, nous vivons avec elles en symbiose, d’autres nous sont néfastes, elles sont pathogènes. On parle de microbiote buccal. Dans une bouche en bonne santé, il existe un équilibre entre ces bactéries. Une maladie parodontale est en revanche caractérisée par une dysbiose liée à la prolifération des bactéries paropathogènes au détriment d’autres bactéries.


Sources

(1) Union française pour la santé buccodentaire (UFSBD), La maladie parodontale, https://www.ufsbd.fr/espace-grand-public/votre-sante-bucco-dentaire/la-maladie-parodontale/.

(2) Ordre des dentistes du Québec, http://www.odq.qc.ca.

(3) Société française de parodontologie et d’implantologie orale (SFPIO), https://www.sfpio.com.

(4) Union française pour la santé buccodentaire (UFSBD), Bilan parodontal : votre dentiste vous conseille, http://www.ufsbd.fr/wp-content/uploads/2018/11/fiche-paro-UFSBD-.pdf.

(5) OMS, Santé bucco dentaire, septembre 2018,  https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/oral-health.

(6) Implementation of the new classification of periodontal diseases: Decision-making algorithms for clinical practice and education, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30883878/

(7) Haute autorité de santé (HAS), Rapport d’évaluation technologique, Évaluation du détartrage-surfaçage radiculaire (assainissement parodontal) dans le traitement des parodontites, décembre 2018, https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-12/ac_2018_0062_assainissement_parodontal_cd_2018_12_19_vd.pdf.

(8) American Academy of Periodontology, https://www.perio.org.

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